Les Deux Accès à la Réalité Ultime constituent un moyen de réaliser sa vraie nature, libre par essence, exempte d'erreurs, de souillures et de troubles ainsi que le précisait Huineng, le Sixième Patriarche du Zen, dans son Jeu Simultané de la Triple Discipline. Dit autrement, les Deux Accès à la Réalité Ultime sont une autre approche de la Triple Discipline – qui est la 4ème Noble Vérité du Sentier qui mène à la Fin de la Souffrance – telle qu'elle fut enseignée dans le Zen depuis Bodhidharma. Du reste, ce texte est attribué au Premier Patriarche du Zen de la branche chinoise, bien qu'on n'ait pas de preuve formelle de ce fait. L'essentiel étant que cette méthode soit conforme au Zen dans sa dimension bouddhique.
Ces Deux Accès sont :
I) L'Accès par l'éveil à sa vraie nature (1). C'est quand on procède à un retournement de l'esprit sur lui-même ou, pour le dire plus justement, à la coïncidence de l'esprit avec lui-même ou sa nature propre. Celle-ci est Vacuité et Illumination dans la conscience de la Reconnaissance de la Vacuité de l'esprit par lui-même. Cette Reconnaissance est le Discernement du Dharmakâya par Lui-même, sachant que chacun a son propre Dharmakâya. Et puisque chacun a son propre Dharmakâya, alors cet Accès par l'éveil est la reconnaissance du Bouddha par lui-même ou de l'homme par lui-même quand celui-ci reconnaît sa vraie nature et vit conformément à celle-ci. C'est ce qu'on appelle "Réalisation de sa vraie nature".
II) L'Accès par la Pratique se décline en quatre points :
1- Accepter la haine comme rétribution
Bien que dans cette vie nous nous soyons efforcés de mener un existence conforme à l'éthique, sans jamais nuire à quiconque, notre charge karmique n'est pas limitée à cette vie pour autant. Si nous avons vu dans notre vraie nature, nous savons que chaque être sensible et nous-mêmes sommes liés depuis des temps immémoriaux. Dit autrement, tous les êtres de tous les temps et nous-mêmes sommes Un. Il s'ensuit que ce que nous avons fait subir à d'autres dans d'autres vies, nous le faisions en réalité subir à nous-mêmes. Par conséquent, toutes les adversités, souffrances, maladies... que nous éprouvons dans cette vie ne sont rien d'autre que la rétribution de nos actes passés venus à maturation. Accepter la haine revient à admettre que nous récoltons le fruit de nos actes et que cela n'est au fond que juste rétribution.
2- S'adapter aux conditions karmiques
Puisque nous réalisons que les facteurs formateurs de l'existence sont de nature karmique, c'est-à-dire liés aux actes, nous comprenons que le mouvement ou la dynamique de l'action est un déséquilibre constant qui fondamentalement s'équilibre de lui-même en se justifiant. C'est le sens de l'Action Juste, quoi que nous fassions. Ce qui signifie que nous réalisons que les choses sont naturellement et parfaitement ordonnées et qu'il n'y a rien de spécial à faire pour cela. Ce qui montre aussi qu'il faut faire ce qu'il y a à faire et donc ne pas faire qui soit superflu. C'est le sens de s'adapter aux conditions karmiques qui n'a rien à voir avec l'idée qu'il ne faut pas agir comme si nous étions extérieur au monde. Ne pas agir – au sens de laisser faire les choses comme si nous n'étions pas concernés – n'est pas Action Juste.
3- Ne rien désirer
Dès lors que nous réalisons que toutes les choses sont vides et libres par essence, ce qui signifie que tout est parfaitement ordonné, il n'y a pas lieu de désirer quoi que ce soit qui ne soit pas conforme à notre nature propre. Le sage se conforme à ce qui est par nature et donc juste par essence. Là encore, cela ne signifie pas qu'il faille laisser les choses aller à leur destin sans réagir. Nos actions dans le monde concourent à l'expression de notre nature de Bouddha. C'est le sens de zazen qui consiste à asseoir nos actions dans l'ordre naturel des choses.
4- Se conformer au Dharma
Le Dharma, ici, n'est pas l'enseignement sutrique. C'est la véritable nature de l'esprit, laquelle est Vacuité et Sapience. Se conformer au Dharma signifie donc vivre en phase avec la vraie nature de l'esprit. Se conformer au Dharma est donc le but ultime de la pratique, qui est la Voie ou le chemin en soi. Et dès lors que nous comprenons que notre esprit ordinaire et notre corps physique ne sont rien d'autre que notre propre Dharmakâya, nous comprenons que notre existence manifestée est le lieu et le temps de notre réalisation. Etre ce que nous sommes, c'est se conformer au Dharma. Mais notre nature est dynamique ; elle ne consiste pas à cesser toute action. Elle consiste précisément à inscrire nos actes dans l'expression de notre vraie nature. Se conformer au Dharma est faire en sorte que notre nature de Bouddha s'exprime en chacun de nos actes. Ça ne signifie pas se "laisser agir" mais à agir conformément à notre vraie nature, ce qui suppose la reconnaître dans sa réalité ultime. Sans cette reconnaissance, il n'y a qu'aveuglement par l'Ignorance et égarement.
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La vidéo qui suit est une manière directe et "sans filet" de présenter ces deux Accès à la Réalité Ultime. Les deux présentations se complètent.
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